Le voyage comme planche de salut…
Sans doute, ce peuple insolite n’arpente-t-il l’inconnu que pour satisfaire son goût du voyage, bien trop curieux de tout ce que lui réservent les territoires insoupçonnés de l’imaginaire, pour accepter de s’ancrer trop longtemps en un même endroit.
Seulement mû par le désir de s’enrichir de l’or des paysages, l’esprit nomade, il est toujours en mouvement, toujours sur le qui-vive, et ne cesse de conjuguer le verbe partir.
Des créatures qui le constituent, on ne sait pas grand-chose au fond, sinon qu’elles offrent un effet de transparence déstabilisant, un aspect irréel de corps en décomposition, presque momifiés, dixit celle qui a su révéler à nos esprits trop embrumés par la réalité pour les avoir déjà rencontrées…
Peut-être ces créatures étranges, humaines par bien des aspects, parentes sans aucun doute, ont-elles traversé de si pénibles moments qu’il ne leur reste que le voyage comme planche de salut.
D’errances en pérégrinations, ces silhouettes aux longs doigts arachnéens, au corps frêle et osseux, au visage ponctué par deux grands yeux écarquillés, avancent à pas lents, sur de drôles de montures – animaux fantastiques dont l’aspect emprunte autant à l’autruche qu’au dromadaire, au poulet qu’à la girafe.
D’étranges cavaliers donc, de bronze, de plâtre ou de papier patiné, voici l’univers dévoilé par Pascale Marchesini Arnal.
Le réel transfiguré. Le réel passé à la moulinette de la poésie.
On peut y lire en filigrane les éternelles interrogations du genre humain. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Dans chaque sculpture un immense point d’interrogation, une incertitude, une inquiétude sourde. Mais toujours, la volonté d’avancer, d’aller voir plus loin ce qui s’y passe, de défricher les territoires inconnus.
Cette sculpture pour dire qu’il faut affronter les vie les yeux grands ouverts, et ne pas craindre d’arpenter les espaces non encore explorés. Ma sculpture donne à voir là où l’on ose pas regarder, confie Pascale Marchesini Arnal…
Cette sculpture comme une incitation au mouvement, à la danse, à la mise en branle de nouvelles générations de défricheurs. La poésie est capable de ces ensorcellements, chacun le sait. A regarder cette œuvre, on adopte, sans en avoir immédiatement conscience, la même attitude que celui qui écoute le conteur lui conter les voyages extraordinaires de tel ou tel voyageur…
Et le charme opère, on finit par larguer les amarres et appareiller pour ailleurs…
Ludovic Duhamel – Directeur de Publication